Le Tour du Mont Blanc

Publié le par Roman

Le Tour du Mont Blanc

 
Mardi 18 juillet 2006 je me présente à la gare d’Annecy pour prendre le train de St Gervais le Fayet de 9h35. Manque de bol, celui-ci ne part qu’à 10h39… ça commence bien ! Une heure d’attente pour rien à la gare…
En arrivant à St Gervais, je dois encore attendre une heure le bus qui m’emmène aux Contamines. Décidemment, moi qui voulais partir tôt pour éviter les chaleurs du début d’après-midi et bien c’est plutôt raté ! Tant pis, je ne vais pas encore perdre une journée et décide d’attaquer tout de suite, il est 14h quand je descend du bus de la SAT dans le centre des Contamines.

 Rapidement je retrouve le GR du Tour du Mont Blanc qui longe un torrent bordé de noisetiers. Je dois rapidement me tailler un bâton de marche dans un de ces arbres car après il n’aura plus que des sapins. Il faut savoir que le noisetier, en plus d’être solide, est un des bois le plus léger, donc excellent pour marcher. Le bâton de marche donne du rythme, permet de soulager le marcheur dans les montées, et de se rattraper dans les descentes.
Le GR monte rapidement dans le parc régional des Contamines. Ça monte fort, la chaleur est étouffante mais le spectacle des montagnes qui dominent le chemin est grandiose. Les Contamines sont à une altitude de 1150 m et il faut grimper jusqu’au col de la Croix du Bonhomme qui se situe à 2483 m d’altitude, soit plus de 1300 m de dénivelé positif en quatre heures. Pour une première journée c’est un peu dur, mais je tiens le coup.
Sur le chemin je rencontre beaucoup de retraités qui descendent et me demande comment ils ont bien pu monter jusque là ! Il doit sûrement exister un chemin de traverse menant à un télésiège (ce qui se fait beaucoup en France) leur permettant un accès plus facile que par ce GR qui n’en finit pas de monter jusqu’au ciel !
En arrivant au refuge de la Croix du Bonhomme (2433 m), je plante ma tente un peu à l’écart dans un emplacement entouré de pierres disposées en arc de cercle me protégeant ainsi du vent et des eaux d’un torrent proche car l’orage menace. Et je ne me trompe pas, j’ai à peine finit de monter la tente que l’orage craque. Heureusement il ne s’agit que d’un orage de chaleur et n’est donc accompagné que par quelques gouttes de pluie. Je m’endors fatigué mais heureux d’être là.

 Je me fais réveillé par le chant des corneilles qui accueillent le soleil qui se lève au dessus des montagnes. Il est 6h30 du matin. Le temps d’avaler mon petit déjeuner et de faire le plein d’eau je repars. Je décide de passer par la variante du Four, passage peu fréquenter qui me fait descendre le long des torrents jusqu’à la Ville-des-Glaciers (1789 m) en 2 heures où je rejoints le GR. De là il faut remonter jusqu’au col de Seigne à 2516 m. De là, la vue est impressionnante sur l’ensemble de la chaîne du Mont Blanc jusqu’au Val Ferret. Ce col est aussi la frontière entre la France et l’Italie.
Je descend jusqu’au fond de la vallée au lac Combal (1975 m) sous le Mont Blanc. Je suis étonné par la nature omniprésente et l’absence de construction de ce versant contrairement au versant français. En effet, si ce dernier est hyper construit avec une multitude de remontées permettant un accès facile, le versant italien est quasi vierge. Seule une petite route circule au fond de la vallée, les montagnes ne sont accessibles qu’à pied. Le paysage en garde toute sa beauté et la montagne toute sa splendeur.
Au lac il faut remonter à l’Alpe supérieure de l’Arp Vieille (2303 m) pour franchir l’arête nord du mont Favre (2430 m). Durant cette montée j’ai eu un passage à vide. Ma tête s’est mise à tourner, mes tempes prêtes à exploser, les jambes tremblantes. En arrivant au chalet de l’Arp Vieille une pause et quelques fruits secs m’ont permis de retrouver des forces pour descendre à Coumayeur par le col de Chécrouit (1956 m). Cette descente est d’aileurs un véritable casse-patte ! Depuis le sommet du téléphérique on passe par un sentier tortueux dans une pente très raide qui met les genoux à rude épreuve. En arrivant à Courmayeur je suis éreinté, fatigué, usé.
La recherche d’un camping s’avère peine perdue puisqu’il n’existe aucun camping à moins de 15 km d’ici. Alors après avoir marché 30 km je me refuse d’aller plus loin. L’office du tourisme me conseille le « Petit Pommier », un restaurant qui a quelques chambres à l’étage. J’y suis très gentiment accueilli par le couple propriétaire. Je dîne chez eux d’un plat de pâte à la bolognaise, ou plutôt devrais-je dire un ramequin tellement l’assiette est petite… une bière et une tarte poire chocolat le tout pour 19€ ! L’Italie c’est cher ! Mais mon corps apprécie la douche chaude et le lit douillet dans lequel je dors comme un loir jusqu’à 7h du matin. A cette heure là il fait déjà 15°C ! La journée promet d’être chaude !

 Le GR aussi promet d’être chaud bouillant ! Ça attaque tout de suite par une montée raide, très raide jusqu’à une bifurcation située à 2125 m d’altitude après le hameau du Pré (1970 m). De là commence un sentier étroit en balcon sur le Mont Blanc avec une vue superbe sur des arêtes et des aiguilles à n’en plus finir, admirant des glaciers crachant leur torrent d’eau de toute part.
En partant sur le Tour du Mont Blanc je pensais marcher en file indienne derrière des troupeaux de touristes. En fait, je marche la plupart du temps seul profitant du silence de la montagne, écoutant le bruit du vent et des torrents, surprenant des marmottes en train de jouer, faisant décoller des myriades de papillons sous mes pas. La montagne est un bouquet de fleur mauve, jaune, rouge, les senteurs se mêlent les unes aux autres.
Je déjeune à l’ombre du refuge de Walter Bonati (2025 m), célèbre alpiniste italien pour repartir en début d’après midi vers le refuge d’Elena (2062 m), dernière halte avant le col du Ferret et la frontière Suisse.
Là j’hésite entre deux passage : le col du grand Ferret (2537 m) et celui du Petit Ferret (2490m). Si le premier est le passage classique, le second me permettrait d’accéder à la Combe de Fond remarquable pour ses séracs vertigineux. Mais au vue de l’heure déjà avancée et de mon état de fatigue (l’accès au Petit Ferret se fait par un chemin escarpé) je choisit la sagesse et la facilité, relative, du col du Grand Ferret.
La descente en Suisse se fait doucement par un sentier en pente douce jusqu’à la Fouly (1610m) où je dors au camping sous l’Aiguille du Dolent qui domine le glacier de l’A Neuve.
Le bivouac n’est officiellement pas toléré en pays Valais et des pancartes tout au long du GR le rappelle très régulièrement. Malgré tout le camping, mis à part son prix élevé (8€50 pour une nuit sous la tente) n’a pas que des désavantages, il permet entre autre de prendre une douche presque chaude et de laver son linge, ce qui n’est aps négligeable après avoir parcouru plus de 30 km.

 Au lever du soleil l’Aiguille du Dolent est rougit par le soleil et le glacier s’embrase. La vue depuis la porte de ma tente est absolument superbe.
Je suis le premier à quitter le camping sous les yeux encore tout endormi des campeurs qui sortent les uns après les autres de leurs tentes maison toutes plus grandes que les autres. Le chemin descend tranquillement jusqu’à Issert (1055 m) à travers une forêt de pin aux senteurs matinales très agréables. Le village d’Issert est une véritable carte postale Suisse avec ses chalets en bois noircis par le temps et ses dédales de ruelles. Les champs aussi se réveillent au milieu d’une brume déclenchée par la chaleur sur une rosée matinale abondante.
Le chemin reprend de l’altitude pour atteindre Champex-Lac (1470 m), station estivale calme autour d’un lac translucide de toute beauté. J’arrive à distinguer des grosses truites jusqu’au milieu du lac tellement l’eau est pure ici ! Par contre, il n’est pas question de pêcher car il faut être détenteur d’un permis de pêche obligatoire en vente à la maison du lac pour la somme de 6FS.
Ici le GR se sépare en deux. Le premier passe par les fermes de Bovine puis rejoint le col de Balme (2191 m) via le col de la Forclaz (1526 m), ce trajet est le plus fréquenté et le plus facile. L’autre route passe par la fenêtre de l’Arpette (2671 m). C’est cette seconde voie que je choisis. Je m’engage sur un chemin dallé le long d’un ruisseau que je suis jusqu’à atteindre des éboulis de pierre. De là commence les difficultés. La voie passe dans la moraine qu’il faut presque escalader pendant 2 bonnes heures. Au beau milieu de la moraine je rencontre un couple d’une quarantaine d’années en plein pique nique et qui me propose un carreau de chocolat ! Ce que j’accepte avec grand plaisir !!! Henri et Elisabeth me raconte leur vacances dans la région et me parle de leur fils parti pour quelques mois dans la Patagonie faire de l’escalade. Henri décide de m’accompagner jusqu’à la fenêtre de l’Arpette. C’est ensemble que nous accédons à une vue fantastique sur l’ensemble du vallon de l’Arpette d’un côté et sur le glacier du Trient de l’autre. La vue est saisissante et nous restons un moment à la contempler sans dire un mot.
Henri repart pour rejoindre sa femme alors que je descends sur l’autre versant. Je rencontre un autre couple de quinquagénaire qui enchaîne quelques crêtes alpines. Un peu plus bas c’est un couple de polonais qui peine dans la montée et me demande des conseils sur les voies à emprunter pour le passage en Italie. Je suis surtout impressionné par la taille du sac du bonhomme, il doit peser au moins 25 kg !!!
Au chalet du glacier un sentier descend en direction du col de Forclaz et un autre remonte vers les grandes pour rejoindre le col de Balme plus directement. Je choisis la seconde solution alors que mon état de fatigue commence à me préoccuper. Je viens tout de même de d’effectuer une grimpette de 1600 m de dénivelé positif et une descente de 1100 m. Il me faut maintenant remonter à 2113 m aux grandes pour accéder à un chemin de traverse au dessus des falaises pour rejoindre le col de Balme.
Sous le col de Balme se situe le village du Tour (1463 m) où je devais rejoindre le soir même mon ami Christophe à qui j’avais donné rendez-vous en partant le mardi, mais là se pose la question de la faisabilité de la chose.
Je décide néanmoins de m’attaquer à la montée des Grandes. Dès le début un panneau m’inquiète. Il y est inscrit :
« Attention, chien de protection de troupeau en liberté. Ne vous approchez en aucun cas de ceux-ci. Il sert à la lutte contre les chiens errants et les prédateurs. »
Quoi de plus rassurant ! Evidemment 500m après je lève mon premier troupeau de moutons. Je suis au bord de la crise cardiaque car je ne les avais pas vu. Je cherche le chien, mais rien ne sort des fourrés. Un peu plus loin c’est une marmotte qui part sous mes pieds et qui elle aussi me fait une belle frayeur, mais toujours pas de chien. Je ne le verrai finalement jamais.
Après une belle grimpette j’arrive à la bergerie des Grandes via un sentier aérien creusé dans la falaise. Là je conçois que je n’arriverai pas au col de Balme ni au Tour. Je vais à la bergerie demander où je peux planter ma tente pour passer la nuit. Le berger, accompagné de sa femme et de ses deux fillettes, m’indique un plateau 200 m plus haut. Je choisis un endroit protéger du vent et plante ma tente juste avant que l’orage et ses quelques gouttes de pluies n’arrive. La vue est magnifique, je suis sous le glacier des Grandes, en face se situe la fenêtre de l’Arpette et en contre bas le col de Forclaz.

 Au réveil, le glacier est complètement rose, la fenêtre de l’Arpette laisse passer un rayon de soleil qui vient frapper l’aiguille d’en face. Le spectacle est grandiose. Pas un oiseau n’ose venir le perturber et le vent est seul maître des lieux.
A la bergerie je fais un brin de toilette à la fontaine avant de repartir sur ma route. Et sur cette route qui j’aperçois au loin venant vers moi ?? Et bien mon ami Christophe !!! Il avait camper la veille sous le col de Balme, choisit ce matin un itinéraire parmi d’autre et le voilà devant moi ! Ça pour une surprise ! On profite d’un bassin naturel pour se rafraîchir et laver mes chaussettes plutôt odorante pour repartir vers le col de Balme. Il m’annonce que des orages devraient éclater dans la soirée et toute la journée du lendemain, ce qui coupe notre envie d’aller au Brévent. On décide donc d’aller au refuge Albert 1er (2702 m) situer au départ du glacier du Tour. On y arrive après 1h30 de montée soutenue pour un pique nique gargantuesque ! Melon, jambon de Bayonne, rôti de porc, pâté, gruyère, une énorme miche de pain… A se demander comment il avait fait pour mettre tout ça dans son sac et l’emmener jusqu’en haut ! Ce refuge est le point de départ de courses vers l’Aiguille du Tour et nous voyons plusieurs cordées rentrées visiblement fatiguées mais heureuses.
Après une bonne sieste, les nuages commencent en effet à approcher et à devenir menaçant. On descend vers le Tour le long du glacier et trace directe. Quelques passages sont plutôt aériens mais tout se passe bien jusqu’en bas où nous sommes accueillis par une chaleur étouffante.

 
Je décide de prendre une journée de repos à Annecy avant de repartir. Mes jambes sont fatiguées et j’ai besoin de passer une grosse nuit sur un matelas.

Lundi je repartirai pour faire le tour des Aravis depuis la Clusaz jusqu’à Megève.

 
A bientôt et bonne route !

Publié dans Itinérances

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S
Bonjour,je t'envoie tous mes encouragements pour cette aventure extraordinaire que tu vas vivre et que tu nous feras vivre.A bientôt.
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